Article de Bran du (le Corbeau Noir)
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« Sans nom » est le premier et le plus grand comme le plus mystérieux de tous les chorégraphes…
Sans nom, mais non sans alphabets car « pour être au monde, il faut y être nommé »…
La Création ne sera formulée comme telle que par l’art et la science du langage et donc des lettres assemblées de diverses manières et en diverses formes propres à un entendement spécifique…
Notre corps résume et condense un alphabet singulier fonction de son appartenance « ethnique », sociale, culturelle….
Nous sommes la totalité de cet alphabet, nous en sommes toutes les voyelles et toutes les consonnes ainsi que toutes les articulations et conjugaisons…
Quand nous dansons, c’est cet ensemble que nous mettons en branle à travers divers traductions gestuelles silencieuses ou sonores, savantes, architecturées ou improvisées…
Nous sommes réellement un alphabet qui danse et, sensiblement, émotionnellement, sensuellement, voluptueusement, plus encore, la danse d’un poème…
Notre sang danse dans sa circonvolution infinie au rythme d’une cadence vitale qui est celle du cœur… Quelles-sont en nous les cellules, les atomes, les particules, qui ne dansent pas ?
La danse bat et se meut au cœur même de notre vie…
A l’origine la danse n’est qu’un point, qu’un condensé d’univers et de possibilités, mais la danse grandit et ajoute sans cesse, en son entour, un cercle plus large que le Cercle Originel, que le Cercle précédent, pour créer une périphérie et investir au maximum de son expansion le temps et l’espace… Tout le temps, tout l’espace…
Le danseur ou la danseuse sont ce Point D’Origine et leurs danses nous content Celle-ci ; le retour à celle-ci et son redéploiement dans le Corps de Vie qui fait ainsi mémoire de sa lointaine appartenance et perpétuelle résonance…
La danse, lorsqu’elle s’incarne en toutes ses dimensions, exprime et manifeste à la fois une origine, une présence eu monde et un devenir…
Il se peut en effet qu’en chaque danseur ou danseuse se reformule, en conscience ou à son insu, une cosmographie, une genèse initiale, revêtue autant de mémoire que de devenir…
La danse que nous mettons en oeuvre sur la terre répond aux danses du ciel…
Elle établit, instaure, restaure, entretien une suite de correspondances, de dialogues, d’échanges à travers des mouvements analogues et « universels » qui autorisent et favorisent la communication Terre-Ciel et Ciel-Terre….
L’arbre, le roseau, la plante, tout cela qui dansent « terrestrement » dans les souffles ne fait pas autre chose que de nourrir ces échanges à leur façon…
Tout mouvement conçu ainsi est une « reliance »… Ainsi l’alphabet des corps et des sens se fait « correspondance » épistolaire…
La vie se manifeste « essentiellement » par le mouvement ; danser, c’est mettre la vie en mouvement et la manifester à travers un Fragmentaire d’expression qui aspire à se conjoindre à un Tout… (A retrouver ce Tout dont il est issu.)
L’Amour est sans doute la plus magnifique et la plus extraordinaire manifestation de la Vie à l’oeuvre au sein du don et de l’offrande…
Quand l’amour réunit deux corps dans la danse unitaire et fusionnelle, il devient l’ambassade majeure, ultime, absolue, infinie de l’Energie Originelle et de la Vibration première…
La danse élève le corps dans les hauteurs, abat les limites corporelles de l’enveloppe charnelle, propulse dans l’espace au-delà même du visible, fait de nous un accord, une résonance, un écho, un retentissement unique et singulier au sein d’une chorégraphie plurielle et universelle… consiste à
Quand la danse s’éprend de l’être et que l’être se prend à danser, nous sommes à la fois le poème vivant et sa parfaite enluminure…